Théâtre Visuel et Marionnettes Contemporaines


JE TE ES !
Une loge, un miroir, une histoire.
« Je me hais de savoir qu’en te parlant, je me parle à moi-même. » Être comédien, c’est perdre la tête. Vivre la vie de quelqu’un d’autre, quelqu’un que l’on déteste parfois, mais qui, pourtant, nous offre la gloire et la reconnaissance en tant qu’artiste. "JE TE ES !" interroge la dualité de notre identité : ne plus savoir quel rôle nous jouons, mêler les masques que nous portons. Se cacher derrière une couche d’apparences, une façade qui rayonne, admirée par les autres, sans qu’ils sachent qui nous sommes réellement derrière ce masque. Faire mourir son personnage sur scène pourrait alors être l’apothéose de cette vie simulée, une manière de dissocier définitivement ses identités. Car, en fin de compte, qui détestons-nous le plus, sinon nous-mêmes ?
J’ai toujours été profondément touché par l’espace de la loge : une zone entre la vie et la mort, un endroit intime où une autre partie de soi prend vie et s’incarne pour monter sur scène. Et si les personnages n’avaient pas envie de mourir chaque soir ? Et si les comédiens souhaitaient que l’on voie ce moment précieux où leur personnage se détache d’eux ? Être reconnu pour son personnage, mais pas pour sa propre personne.
J’ai toujours été fasciné par la notion de double : peut-on se parler à soi-même ? Comment ces deux entités que nous portons en nous peuvent-elles dialoguer ? Le miroir est une porte universelle pour cet échange, mais n’existe-t-il pas une autre voie ? La marionnette ouvre cette possibilité : comme si deux facettes de notre être pouvaient s’incarner simultanément.

© Hervé Dapremont

© Hervé Dapremont

© Hervé Dapremont

© Luana Montabonel